L@ feuille à problèmes

Depuis une trentaine d'années, l'histoire des probabilités a subi un profond renouvellement et attiré l'attention tant des mathématiciens que des chercheurs de disciplines variées (sociologues, philosophes, médecins, etc.).

Selon la célèbre expression de Joseph Bertrand; "Comment oser parler des lois du hasard ? Le hasard n'est-il pas l'antithèse de toute loi ?"

Or, non seulement avec Pascal et Fermat il a fait irruption au XVIIe siècle dans ce que nous appellerions une théorie de la décision, non seulement au XVIIIe siècle avec Bayes, Condorcet et Laplace il s'est mis à vouloir maîtriser les choses de l'homme et de la société, non seulement il a commencé au XIXe siècle à envahir la "grande" physique avec Maxwell, Boltzmann et quelques autres, la médecine avec Gavarret, la Bourse avec Bachelier, mais aujourd'hui il lui prend de régenter une partie des mathématiques pures elles-mêmes qu'on croyait à l'abri de ce scandale.

Il n'y a donc rien d'étonnant: ceux qui s'efforcent de mettre en place un enseignement de qualité ne manquent pas d'être tourmentés par la recherche de voies d'accès à ces sciences étranges que sont le calcul des probabilités et la statistique mathématique. Comment ne pas se contenter de ces amusettes, à la longue un peu fatigantes, sur les dés et les cartes à jouer ou de ces maniements assez stéréotypés et peu satisfaisants pour l'esprit sur les intervalles de confiance à 5 ou 10 % ?

Etre utile et agréable, ne pas cacher les doutes et objections qu'on peut soulever à propos des probabilités, fournir quelques moyens modestes mais pertinents de les surmonter, et en plus de tout cela se faire comprendre et émanciper l'élève. Le défi est relevé.

Pierre Crépel, janvier 2008